C'est un titre un peu provocateur. la route pourtant, doit le devenir autant que faire se peut. Elle constitue en tout cas un maillon essentiel de notre mobilité et la décarbonation la concerne au premier chef..
« French touch ou pas ? » Dans un avis du 28 novembre, très commenté, l’Autorité de Régulation des Transports est revenue sur les gares routières en faisant quelques recommandations. Son objet était plus large : il concernait la concurrence sur plusieurs segments de marché - des lignes commerciales TGV aux TER, en passant par les services régionaux routiers et les « cars Macron ». Que des prestations terrestres. Nous revenons segment de marché par segment de marché sur l’avis-bilan, une nouveauté, de l’ART.
Pourquoi est-ce une nouveauté?
Précisément parce qu’il y est question d’un peu de tout: des lignes TGV, des TER, des gares routières aussi. Et même des « cars Macron », dont le développement plaît manifestement à la haute autorité.
Les gares manquaient au débat général, et c’est bien d’y avoir pensé.
Le sujet des gares routières, bien que délimité, revêt un caractère complexe : pas de point commun notable entre une gare ferroviaire et une gare routière. Sauf comme si, à Angers par exemple, cette dernière jouxte celle du train, réussite d’un parcours « sans couture » assurée. Première raison de leur traitement ici.
C’est aussi et surtout pour souligner l’impuissance foncière dans laquelle se trouve l’ART en la matière. Ce ne sont pas des installations comme les autres, notamment au regard des missions de l’Autorité. Oserais-je d’y voir des « facilités essentielles » bien connues de la théorie économique de la concurrence ? J’ai tendance à le penser.
Il était temps
Certes, le sujet se réglera peu à peu, mais il faut bien dire, qu’au début, et notamment pour les « cars Macron », tous les compétiteurs n’étaient pas exactement sur la même ligne de départ.
De plus, partis à 6 ou 7, ils sont arrivés à deux. Ce qui interpelle du côté de la concurrence. Bon, les prix partent toujours de très bas. On entend des prix qui grimpent à une date proche du départ, c’est regrettable. Mais tout le monde s’y est mis. Aujourd’hui, sur certaines lignes, comme celle de Paris - Bordeaux, malheur à celui qui s’y prend trop tard…Alors quand il existe une alternative aérienne, il n’est pas rare qu’elle soit...moins chère.
En ce qui concerne nos chères gares routières, « l’Autorité rappelle le caractère multimodale de ces installations et considère que l’ouverture à la concurrence du secteur (d’où le lien avec l’avis) impose de repenser le modèle des gares. Dés lors, l’Autorité invite les différentes parties prenantes et notamment les collectivités territoriales (sic) à s’emparer du sujet ». Soit, pour les « cars Macron », 8 ans après leur libéralisation. L’éléphant au milieu de la pièce. Il était temps....
La French Touch en matière de gare routière (qualité, services, …) reste encore à trouver. C’est plutôt, à quelques exceptions près, un « peu mieux faire » dont il serait question plutôt qu’une vraie image de marque, à l’aune de ce que les cars express se proposent de faire puisque Clément BEAUNE, le ministre délégué aux transports, a même annoncé un plan national pour de l’autocar intercités. Les ambitions affichées par François DUROVRAY pour le compte de Île-de-France Mobilités ont sûrement portées leurs fruits. A certains égards, dans un contexte a priori très favorable au train, cela relève même d’un petit miracle.
Au fond, tout arrive à son heure…Les cars à haut niveau de service, dont, on parlait déjà dans les années 1990. On pourrait regretter le temps perdu. De belles réalisations sont à souligner, qui n’ont pas attendu l’onction ministérielle évoquée plus haut. Créan-Bordeaux, par exemple, la ligne mise en place depuis 2019 cofinancée, c’est très important, par la Région Nouvelle-Aquitaine et Bordeaux Métropole. Résultat: 700 passagers/jour. Un programme opérationnel est en cours sur 12 corridors du territoire dans la région: définition des itinéraires, des fréquences et des aménagements à réaliser. Et oui, il faut réaliser des aménagements, et en lançant des lignes routières qualitatives, songer aussi à des gares routières.
Évidemment, Paris et sa gare routière si on veut, n’étant à date nullement susceptibles de constituer une quelconque image de marque dans ce domaine. L’annonce de sa fermeture, après les JO, pourrait clore le débat. On parle de Pleyel en remplacement, un site connecté à la ligne 14 du métro. Reste que pour cette gare comme pour toutes les autres, un référentiel ne serait pas de trop. Ce serait même un minimum. Mais à quand une compétence dédiée ? La région Ile-de-France va-t-elle ouvrir le bal?