C’est désormais officiel. «Alstom confirme que des discussions sont en cours concernant une potentielle acquisition de Bombardier Transport par Alstom», a annoncé le constructeur français le 17 février, au lendemain d’une réunion du conseil d’administration. Il n’a cependant donné aucun détail supplémentaire sur cette opération, qui pourrait se chiffrer à 6 Mds€. Après le projet de rachat par Siemens des activités ferroviaires d'Alstom, stoppé par la Commission européenne en 2019, le constructeur français se trouve cette fois en position de chasseur, fort de bonnes performances avec un chiffre d’affaires de 8,1 Mds€ et un record de 43 Mds€ de commandes. Bombardier Transport (7,7 Mds€ de CA et 33 Mds€ de commandes) n’a pas à rougir de ses performances, mais sa maison mère, Bombardier Inc, plombée par sa branche aéronautique, est contrainte de lâcher du lest. Elle s'était déjà résolue à ouvrir le capital de Bombardier Transport (32,5%) à la Caisse de dépôt et de placement du Québec, par ailleurs actionnaire de Keolis et d’Eurostar. Cette institution pourrait devenir un actionnaire de référence d’Alstom-Bombardier. Sur le papier, ce futur ensemble, destiné à contrer le chinois CRRC, pèse quelque 15 Mds€ avec 77.000 salariés, dont 46.600 pour Bombardier. Mais si l’opération s’engage pour de bon, il faudra obtenir le feu vert de Bruxelles. Ce qui nécessitera sans doute des ventes d’usines, là où les constructeurs fusionnés risquent d’être en position dominante, notamment en Europe.
Un hic en France. L’opération va poser problème dans l'Hexagone où CAF, qui a une implantation mineure à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées ) deviendrait ainsi le seul challengeur. Si Crespin (Nord), la seule usine française de Bombardier, passe dans le giron d’Alstom, qui possède par ailleurs le site de fabrication voisin de Petite-Forêt ( Nord ), le futur groupe écraserait le marché. Par ailleurs, ces deux usines sont étroitement liées sur le plan industriel. Alstom et Bombardier, qui ont répondu de concert à de gros marchés, se répartissent déjà la construction des RER NG et des rames de plusieurs lignes de métro de la RATP. Qu'adviendrait-il donc des deux usines? Une fusion? La vente de l'une d'elles?
M. F.