Bus&Car Connexion: La FNTV vient d’actualiser l’enquête lancée dès le début de la crise auprès de ses adhérents, afin d’évaluer l’impact des mesures gouvernementales de soutien aux entreprises. Quels en sont les principaux enseignements?
Jean-Sébastien Barrault: La mesure la plus utilisée, c’est le recours au chômage partiel. À ce jour, 96% des adhérents de la FNTV ont effectué des démarches en ce sens. Près de la moitié d’entre eux ont obtenu des réponses favorables, à une exception près. Globalement, les remontées sont encourageantes. Beaucoup d’entreprises ont également demandé à leurs partenaires financiers un assouplissement des échéances d’emprunts: 70% déclarent avoir entrepris des renégociations avec les banques, qui se sont bien passées dans plus de 80% des cas. 68% de nos adhérents ont demandé un report de leurs cotisations auprès de l’Urssaf, et près de la moitié d’entre eux ont obtenu une réponse favorable. 45% de nos adhérents ont sollicité un report fiscal, qui a été accordé pour 36% d’entre eux. Enfin, 47% de nos adhérents ont engagé une demande de prêt de trésorerie auprès de leur banque, pour un montant pouvant aller jusqu’à un quart du chiffre d’affaires 2019, comme le prévoient les mesures de soutien adoptées par le Gouvernement. Ces dossiers sont en cours d’instruction.
BCC: Même si ce premier bilan est plutôt rassurant, tout n’est pas réglé pour autant. La préparation des paies semble tourner au casse-tête…
J.-S. B.: En effet, nos adhérents ont énormément de questions sur les paies. Il s’agit d’un sujet d’autant plus complexe que les négociations en cours avec les Régions sur les contrats scolaires prévoient, dans certains cas, un complément de salaire pour les conducteurs en CPS, à verser par les entreprises. Les FNTV régionales travaillent sur ces questions, et sur les conséquences de ces dispositifs sur la préparation des paies. Nous nous trouvons dans une situation sans précédent, qui soulève des problèmes auxquels nous n’avions jamais été confrontés… Depuis quelques semaines, l’ensemble des dirigeants des entreprises du TRV ont le nez dans le guidon pour sauver leur entreprise et maintenir l’emploi.
BCC: Quels sont les autres sujets qui nécessitent des aménagements?
J.-S. B.: Le deuxième sujet d’actualité est celui des échéances réglementaires, que les entreprises n’ont pas forcément les moyens de respecter. Nous discutons donc avec les pouvoirs publics afin de trouver des solutions. Concernant les conducteurs, il y a les FCO, pour lesquelles le ministère des Transports prépare un décret, ou les visites médicales nécessaires au maintien des permis de conduire, dont la validité vient d’être prolongée de 2 mois. Sur les véhicules, le Gouvernement nous a accordé une tolérance de 15 jours qui ne sera pas suffisante. Même si les centres de contrôle technique restent ouverts, dans les entreprises où les chefs d’atelier sont en chômage technique, il est impossible d’organiser ces contrôles techniques. À bord des véhicules, il faut également procéder aux contrôles des élévateurs PMR, des extincteurs… toutes ces opérations ne peuvent pas être effectuées normalement. Nous avons également des échéances liées à l’activité de l’entreprise: les licences de transport intérieures dont la validité vient d’être prolongée également, ou les licences communautaires qui nécessitent la publication d’un texte spécifique en cours de rédaction par les services de l’État.
BCC: Comment vous préparez-vous à la sortie de crise?
J.-S. B.: Nous travaillons également sur l’après-crise, pour éviter notamment que ces reports de charges, prêts de trésorerie et autres ne deviennent des boulets par la suite. Nous préparons également la sortie du confinement, de façon à anticiper les mesures sanitaires que les autorités pourraient nous demander d’appliquer. Quand l’activité reprendra et que les transports scolaires seront rétablis, les conducteurs devront-ils porter des masques ? Nous avons besoin de nous préparer au mieux à ce qui va se passer dans quelques semaines.
Recueilli par S. G.