En analysant les données GPS des téléphones mobiles, Kisio fournit aux transporteurs et aux autorités organisatrices les outils de gestion de l'offre de mobilité en période de déconfinement. David O'Neill, directeur Etudes et Conseil de Kisio, souligne également l'importance de la qualité de service et de l'information voyageur pour réussir la reprise.
Bus&Car Connexion: Comment anticipez-vous l’évolution de la mobilité à la sortie du confinement?
David O'Neill: L’immédiat post-confinement se caractérise par une grande incertitude. Quand l’offre de déplacements va-t-elle retrouver son niveau initial? Et va-t-elle le retrouver? La déformation de la part modale observée en zones urbaines, avec un fort recul du transport public, va-t-elle perdurer? Est-ce que les comportements de mobilité seront uniformes selon les territoires?
Ces questionnements rendent très complexes les rôles des autorités organisatrices et des opérateurs de mobilité. Nous accompagnons aujourd’hui un certain nombre d’acteurs, à tous les niveaux du territoire, pour mettre en place les outils permettant d’avoir une connaissance plus fine des besoins de mobilité. L’utilisation et l’analyse des données GPS des téléphones permettent d’obtenir des informations sur la part modale et les rythmes des déplacements. Ces données vont permettre aux opérateurs d’anticiper des situations de risque dans les espaces de transport et les lieux publics.
BCC: Les outils digitaux vont-ils contribuer à faire respecter les mesures barrière ?
D. O. N.: La grande préoccupation des acteurs urbains est la gestion de voirie: comment réguler les flux piétons, faut-il proposer des itinéraires alternatifs pour éviter d’engorger les trottoirs? Mettre en place des sens interdits piétons? L’alliance entre nudge management, signalétique et présence humaine fonctionne déjà très bien dans les gares pour la gestion des flux. On s’appuie également beaucoup sur l’expérience acquise lors des situations perturbées prévues, comme la fermeture d’une gare ou d’une ligne de transport en raison de travaux.
Pour adapter l’offre de transports, il faut une veille régulière, voir où ça bouge, comment ça bouge et qui bouge. Pour établir des modèles prédictifs, la solution idéale, c’est d’avoir de la donnée GPS massive et suivie, et de la doubler avec un panel qualitatif.
BCC: Comment désamorcer l’angoisse des voyageurs et rendre les transports publics attractifs?
D. O. N.: La qualité de service sera l’un des enjeux très forts dans la réussite du déconfinement, sur les questions liées à la propreté des véhicules, au respect des gestes barrière… Transporteurs et autorités organisatrices devront se montrer exemplaires dans l’offre de mobilité proposée aux voyageurs. Il y aura donc davantage de contraintes et une exigence accrue quant à la qualité de service, dans une équation financière dégradée. Si le transport public n’est pas à la hauteur des attentes, le risque de report sur le véhicule individuel est élevé, avec toutes les externalités négatives que l’on connaît, notamment en matière de pollution et de congestion.
BCC: L’info voyageurs sera donc essentielle. Et forcément digitale?
D. O. N.: Les deux principaux canaux d’information voyageurs sont le digital et les services de relation client. Pendant les grèves de décembre, on a vu que très peu d’applis étaient en mesure de coller à la réalité d’une offre en constante évolution. Si les applications MaaS ne sont pas capables de charger les plans de transport des différents opérateurs, les usagers ne seront pas au rendez-vous. Sur ce sujet, Kisio possède une expérience très forte, avec la gestion de Vianavigo.
Recueillis par S. G.