Autosuffisance. Indispensable actuellement dans la composition des batteries électriques, le lithium se trouve essentiellement en Chine, au Chili et en Argentine. La France pourrait toutefois être autosuffisante, en extrayant à grande profondeur un lithium «propre», assure Fonroche Géothermie, branche dédiée à la géothermie profonde du groupe français indépendant Fonroche. L’énergéticien, associé à Électricité de Strasbourg (ES), filiale d'EDF, vient de procéder à des forages tests sur la commune de Vendenheim, au nord de Strasbourg. «Les résultats confirment la présence de lithium en qualité et quantité très prometteuse, permettant d’envisager une production annuelle de quelque 1500t de lithium propre sur ce seul ouvrage», fait savoir Fonroche Géothermie par voie de communiqué. Ce volume représente 10 % des besoins annuels d'approvisionnement estimés pour la France dans les prochaines années. À Vendenheim, Fonroche espère rendre opérationnelle début 2020 une première centrale de cogénération électricité-chaleur de géothermie haute température, avec une production de 10 MW électriques pour 40 MW thermiques. L’entreprise possède également deux autres sites en Alsace et estime que ses trois projets de centrales de géothermie pourraient fournir, en plus d’une cogénération électricité-chaleur, «30 à 40% de l’ensemble de la demande industrielle française en lithium à partir de 2023». Il suffirait de 10 projets en France pour couvrir l’ensemble des besoins, assure l’énergéticien.
Un démonstrateur en 2021. Fonroche Géothermie entend ainsi mener des projets de production électrique géothermale en association avec l’extraction de lithium prélevé dans les eaux du sous-sol. L'énergéticien compte implanter en 2021 un «démonstrateur» sur l'un de ses sites, afin de confirmer en configuration réelle la «pertinence» du chlorure de lithium, mise en évidence pour l'instant en laboratoire. Le métal alcalin serait garanti «propre», c'est-à-dire que sa production générerait peu d’émissions de gaz à effet de serre, et serait sans atteinte à la biodiversité. Ces essais sont menés par le groupe minier Eramet, dans le cadre d'un consortium avec ES, BASF et PSA. Si ces tests s’avèrent positifs, rien ne dit que l’exploitation du lithium sera pour autant autorisée. L’exploitation des matières premières sur le sol national est un sujet sensible, qui suscite parfois de fortes oppositions (comme pour l’exploitation du gaz de schiste, par exemple). De plus, les projets de géothermie eux-mêmes peuvent être sujets à caution. Des experts en sismologie ont imputé l’origine des petits tremblements de terre qui ont affecté la région de Strasbourg les 12 et 13 novembre aux activités industrielles menées par Fonroche à Vendenheim (ce qu’a démenti l’énergéticien).
G. H.