Le ministère des Affaires étrangères a retiré son appel à "renforcer sa vigilance" dans une quarantaine de pays suite à l'intervention militaire contre l'Etat islamique pour le transformer en un avertissement général à tout voyageur partant à l'étranger.
L'émoi suscité par l'appel indiscriminé du ministère des Affaires étrangères à "renforcer sa vigilance" en se rendant dans une quarantaine de pays liés au monde musulman a été entendu. Le Quai d'Orsay a dorénavant choisi, toujours sans communiqué officiel, d'abandonner cet avertissement jusque-là placé en tête de ses fiches-pays de conseils aux voyageurs pour le mentionner de manière plus générale dans les "alertes" publiées dès la page d'accueil.
Le message, qui ne vise plus de pays particuliers, est dorénavant le suivant : "Dans le contexte de l’intervention de la coalition internationale contre Daech, et face au risque d’enlèvements et d’actes hostiles contre les ressortissants des pays membres de la coalition, les Français sont invités à faire preuve de vigilance lors de leurs déplacements à l’étranger".
Généralisation à tous les pays
Cette généralisation a l'avantage de moins brouiller le message du ministère des Affaires étrangères, notamment parce que l'appel pouvait contredire les cartes de vigilance qu'il publie sur son site. Quelques pays, en effet, sont restés, totalement ou largement, dans une zone où une vigilance normale suffit (de couleur verte). C'était le cas par exemple pour le Maroc, où l'appel à la vigilance, lancé au lendemain des premiers raids de l'aviation française sur l'Irak contrôlé par Daech, avait fait fortement réagir les autorités du pays.
Doublé des images de l'assassinat d'un randonneur français en Algérie, le message du ministère des Affaires étrangères a eu un impact immédiat sur les voyages vers les pays du Maghreb, les plus proches et les plus visités par les Français. Sans qu'il soit possible de fournir de chiffres précis pour l'instant, les annulations ont concerné 15 à 20 % des départs prévus vers ces destinations. Les prises de commandes, elles, ont été tout autant boudées. Tourisme de groupe revient largement sur ce sujet dans son numéro de novembre.
Il n'y a donc plus de message appelant à "renforcer sa vigiilance" en tête des consignes de sécurité des fiches-pays comme celle du Maroc par exemple. Au chapitre sécurité, le Quai d'Orsay débute par l'indication suivante :"Considérant la menace renouvelée d’Al Qaïda contre les intérêts étrangers au Maghreb, français notamment, l’attention des ressortissants français résidant ou désirant se rendre au Maroc est appelée sur la nécessité de faire preuve de vigilance et de respecter strictement les consignes de sécurité figurant dans la fiche".
Feu vert pour la Tunisie
Le discours a également changé -et du tout au tout!- pour la Tunisie, qui est pour l'essentiel de son territoire en zone à vigilance renforcée (couleur jaune) et même déconseillée à ses frontières. Dorénavant, la première ligne des conseils aux voyageurs indique carrément que "la situation politique et sécuritaire permet l’organisation de voyages professionnels et touristiques en Tunisie". La seconde mentionne cependant que "compte tenu du risque terroriste régional lié aux menaces renouvelées d’Al-Qaida contre les intérêts étrangers, notamment français, en Afrique du Nord, les ressortissants français résidant ou désirant se rendre en Tunisie sont appelés à faire preuve de vigilance renforcée et à se conformer aux consignes de sécurité" figurant sur le site.
En deux phrases, on sent l'embarras des autorités françaises, la première semblant répondre aux préoccupations de l'industrie touristique en France et en Tunisie, la seconde à l'impossibilité de méconnaître officiellement une certaine réalité. Les fiches de conseils aux voyageurs sont établies avec l'appui des diplomates présents effectivement dans le pays concerné et exerçant une forme de veille sur les événements ou faits susceptibles d'avoir un impact pour les voyageurs ou ressortissants français qui s'y rendent ou y vivent. Comme l'a toujours dit le Quai d'Orsay, il convient de se fier aux informations cartographiques avant de partir à l'étranger et de bien lire les conseils qu'il divulgue par ailleurs.
Tirant les leçons de la surinterprétation de ses messages d'alerte fin septembre, le ministère des Affaires étrangères a fait part de sa volonté de "renforcer la concertation avec les professionnells du tourisme, qui seront étroitement associés au centre de crise du ministère dans la communication des mesures prises".
In fine, les voyageurs français disposeront, de toute façon.