La mise en chômage technique des fonctionnaires dépendant du gouvernement fédéral américain, le "shutdown", commence à se ressentir sur le tourisme, particulièrement dans l'ouest des Etats-Unis.
La crise politique américaine autour du vote du budget du gouvernement fédéral commence à avoir un impact sur le tourisme. Des services publics non essentiels (les douanes ne sont par exemple pas concernées) a conduit nombre de musées et de parcs nationaux à fermer leurs portes. Une forme d'attentisme se fait jour, y compris pour les groupes de touristes en partance vers les Etats-Unis.
"Sur la période courant du 1er au 12 octobre, la baisse sur le segment des réservations de dix pax et plus auprès des compagnies aériennes est de 46 % par rapport à la période équivalente de l'an dernier", observe Sébastien Cron, directeur des ventes et du marketing de ForwardKeys. Dans cette catégorie sont regroupées les données relatives aux groupes constitués, aux GIR et les blocs sièges réservés par les tour-opérateurs. Ce peut aussi bien être des réservations de dernière minute que par anticipation.
Selon les données précises compilées en temps réel à partir des différents GDS par ForwardKeys, le recul des réservations, individuelles ou collectives, est de 5,3 % sur les douze premiers jours d'octobre 2013. Cette déperdition est à peu près comparable à celle observée dans les grands pays voisins, selon Sébastien Cron. Toutefois, les réservations groupes semblent bien davantage affectées en France que pour les autres grands marchés émetteurs européens.
"Nous n'avons pas enregistré d'annulations", se console Luiz Ferreira, directeur de lamaison des Etats-Unis, tour-opérateur spécialiste de l'Amérique du Nord. "Les réservations groupes continuent sur leur dynamique pour 2014", constate-t-il. Il note toutefois une évolution de la clientèle devant partir dans les prochaines semaines. "Les groupes voyageant en novembre aux Etats-Unis veulent savoir à l'avance ce que nous leur proposons en remplacement des sites nationaux actuellement fermés", indique Luiz Ferreira. Les responsables de groupes peuvent ainsi informer les participants de ce qu'ils verront sur place au cas où le "shutdown" devait se prolonger au delà des prochains jours.
Aujourd'hui, les tour-opérateurs sont contraints de régler cette difficulté au jour le jour, au gré des informations qui leur parviennent. "Nous avons quatre groupes actuellement là-bas, un à New York et trois autres dans l'ouest américain. Comme nous connaissons bien le terrain, nous parvenons à trouver des produits de substitution. Mais certains Etats fédérés, comme l'Arizona ou celui de New York, ont décidé de payer eux-mêmes directement les fonctionnaires fédéraux à la place du gouvernement américain, ce qui a permis de rouvrir certains sites nationaux essentiels au tourisme", remarque le directeur de la Maison des Etats-Unis.
Sydney Roturier, Pdg de Caractères d'Amérique, confirme cette analyse. "Je n'observe aucun impact sur les réservations de groupe, mais il n'est pas impossible que nous ayons perdu des clients individuels de dernière minute", indique-t-il. Il reste que la gestion de cette crise pour les cinq groupes partis avec Caractères d'Amérique qui sillonnent actuellement les Etats-Unis n'est pas simple, même si, là encore, la connaissance du terrain permet d'apporter des solutions au jour le jour. "Cela représente un surcroît de travail de 30 %", estime Sydney Roturier. Si les clients se montrent compréhensifs, il n'en redoute pas moins leur retour. Il n'est pas exclu que des demandes de remboursement soient présentées. Là ce n'est pas le budget du gouvernement américain qui sera touché, mais bien celui des tour-opérateurs et agences de voyages.