Suisse, Allemagne et Autriche montent sur les trois premières marches des destinations touristiques les plus "compétitives", selon une étude du Forum économique mondial de Davos. La France dévisse de la quatrième à la septième place.
La Suisse, en tête, et l'Allemagne, deuxième, conservent leur place de premières destinations touristiques les plus "compétitives" de la planète. L'Autriche les rejoint sur le podium, en gagnant une place. Les pays germaniques du centre de l'Europe sont, dans le dernier rapport bisannuel du Forum économique mondial, ceux qui savent le mieux "développer leur secteur du voyage et du tourisme" tout en étant particulièrement "attractifs". La Suisse est en tête de ce classement depuis 2007, date de la première étude sectorielle menée par le World Economic Forum (WEF), malgré une position très défavorable en termes de prix, puisque sur ce terrain elle se classe en 139e position. Mais elle a largement de quoi se rattraper par ailleurs.
Manque de soutien au tourisme
La France, en revanche, recule de la quatrième à la septième place, entre le rapport 2013 et celui de 2011. Cette glissade, explique l'étude du WEF, ne remet pas en cause la qualité des infrastructures de transports ou l'attrait du pays. Elle souligne néanmoins les lacunes d'une politique gouvernementale dont la législation et la réglementation ne s'emploient pas à suffisamment soutenir et à développer le secteur du tourisme et des voyages. Cette insuffisance renforce le sentiment que le tourisme et le voyage ne sont pas assez pris en compte parmi les priorités du pays. L'étude rend compte aussi d'une difficulté accrue à trouver de la main-d'œuvre, et particulièrement bien formée. La France est aussi pénalisée par ses tarifs : en termes de prix dans l'industrie du tourisme et du voyage, elle se classe même au 140e rang, juste derrière la Suisse...
L'Europe toutefois tire particulièrement bien son épingle du jeu, en plaçant également l'Espagne (4e rang en 2013 au lieu du 8e en 2011), le Royaume-Uni (qui passe de 7e à 5e) et la Suède (9e en 2013 après avoir été 5e en 2011) dans le top 10. Les Etats-Unis, sixième rang en 2013, stables par rapport à 2011, le Canada qui gagne une place en étant 8e en 2013 et Singapour, qui se maintient à la 10e place, complètent ce tableau.
Perception de la réalité
L'étude donne une impression d'exhaustivité, en s'intéresant à 140 pays et en agrégeant des dizaines de critères allant de la qualité du réseau routier à la prépondérance du VIH au sein de la population, du prix du carburant au nombre de sites classés par l'Unesco. Toutefois, sa pertinence scientifique reste à démontrer puisqu'elle s'appuie à la fois sur des données statistiques, dont on peut douter qu'elles soient pertinentes partout, sur des éléments fournis par des "experts du domaine du voyage et du tourisme" et les "résultats de l'enquête auprès des dirigeants d'entreprise", tous éléments qui relèvent davantage de la perception que de la réalité.
Au milieu de cette volée de statistiques, des analyses peuvent aider à mieux cerner les priorités d'une politique nationale du tourisme et confortent l'importance du secteur pour l'économie mondiale et son potentiel de croissance.
"La résilience du secteur repose sur l'augmentation de la classe moyenne dans les marchés émergents, bien que les économies avancées affichent également un mouvement positif. Un cadre politique favorable, la maîtrise des technologies et la facilitation des mouvements transfrontaliers des personnes permettront au secteur de capitaliser sur cette tendance favorable et de promouvoir une prospérité heureuse", assure Jennifer Blanke, économiste en chef auprès du Forum économique mondial.