Dès 2012, le groupe de transport public de voyageurs va s'associer à Trenitalia, filiale de Ferrovia dello Stato (l'équivalent italien de la SNCF) pour concurrencer la SNCF sur le marché des lignes ferroviaires à grande vitesse. À la clé, des baisses des tarifs ?
Le groupe français Veolia Transport est en discussions avec la compagnie italienne Trenitalia pour faire circuler des TGV en France, un défi pour la SNCF après l'ouverture à la concurrence du rail international effectif depuis le 13 décembre 2009.
Selon le Figaro du 23 décembre, Veolia était "sur le point de conclure un accord avec Trenitalia, la division transport de voyageurs de l'opérateur public italien Ferrovie dello Stato, pour faire rouler des TGV en France début 2012". "Il y a des discussions en cours", a indiqué à l'AFP une source proche du dossier, alors que Veolia Transport et Trenitalia se sont refusés à tout commentaire.
Veolia Transport avait déjà manifesté en 2008 son intention d'entrer sur le créneau des services TGV en France, avec la compagnie aériennne Air France. Les discussions n'avaient finalement pas abouti. Toujours selon le Figaro, Veolia devrait réactiver avec Trenitalia le projet qu'il avait étudié avec Air France, articulé autour de trois lignes TGV :
- l'axe Bruxelles-Paris-Lyon, permettant de concurrencer le Thalys,
- une ligne Paris-Londres, concurrente d'Eurostar et rivale de la SNCF sur Paris-Lille
- une ligne Paris-Strasbourg, avec des branches à destination de Francfort et Bâle.
Paris-Lyon pour 30 euros
Le quotidien avance la date de 2012 pour l'ouverture du service à grande vitesse et affirme que Veolia et Trenitalia bénéficieraient de "coûts d'exploitation de 30% inférieurs à ceux de la SNCF du seul fait du régime social des cheminots", ce qui ouvre la voie à la création d'une "compagnie low cost du TGV". Les premières projections de tarifs qui avaient été estimées avec Air France tablaient par exemple sur un Paris-Lyon à 30 euros en seconde classe contre une fourchette de 41 à 63,10 euros pour la SNCF, selon le journal.
Interrogé, le président de la SNCF Guillaume Pepy ne s'est pas montré surpris : "la SNCF est en état de marche pour relever la concurrence", a-t-il dit. "On s'y attendait. On s'est préparé", a-t-il assuré. Et "pour vendre plus bas que la SNCF, il va falloir que nos concurrents soient très très bons. Je leur souhaite bon courage", a-t-il lancé.
Le secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau a jugé que l'arrivée de nouveaux opérateurs dans le transport ferroviaire était "une bonne chose": "Un, cela permettra aux clients d'avoir le choix et deux, cela permettra de développer ce mode de transport".
Présent en France dans le transport public (bus, métro, tramway), Veolia exploite également des trains de voyageurs, sur des réseaux de banlieue et régionaux en Allemagne, en Australie et aux États-Unis.
Une concurrence à double sens
Les compagnies ferroviaires étrangères ont ainsi la possibilité depuis le 13 décembre de venir concurrencer la SNCF sur le sol français, dans le cadre de l'ouverture à la concurrence du transport de passagers sur les lignes internationales. Mais ce système de "cabotage" impose que la partie nationale du trafic représente moins de la moitié des passagers transportés et moins de la moitié du chiffre d'affaires de la liaison internationale.
Le partenaire potentiel de Veolia, Trenitalia, est déjà prêt à se lancer dans l'aventure. C'est même pour l'instant le seul opérateur étranger à avoir demandé des sillons (créneaux de circulation) en France dans le cadre de l'ouverture. La compagnie italienne prévoit d'assurer, sans doute pas avant l'été 2010, deux allers et retours quotidiens Paris-Milan et Paris-Gênes. En chemin, les trains s'arrêteraient dans six gares françaises (Chambéry, Modane, Avignon TGV, Aix-en-Provence TGV, Marseille, Nice).