Veolia Transport vient d'obtenir de l'État une "licence d'entreprise ferroviaire" l'autorisant à faire du transport de voyageurs. Le transporteur se pose ainsi en futur concurrent de la SNCF sur ce marché. Mais ses trains ne sont pas pour demain.
Le groupe Veolia est désormais autorisé à faire circuler des trains de voyageurs en France, selon un arrêté ministériel paru le 13 février 2010, ouvrant ainsi la voie à une concurrence avec la SNCF. La société Veolia Transport, filiale du groupe Veolia Environnement, a obtenu "une licence d'entreprise ferroviaire valable pour effectuer des services de transport de voyageurs", indique le texte du Journal officiel.
Veolia, qui se présente comme le premier opérateur privé européen de transport, n'a jamais caché son désir de faire circuler des trains de voyageurs en France pour concurrencer la SNCF depuis la libéralisation de ce marché le 13 décembre 2009.
Une première étape
Un porte-parole de Veolia a souligné que la parution de l'arrêté était "une première étape administrative et nécessaire pour nous permettre de faire circuler des trains de voyageurs sur le territoire français". "Pour autant, cela ne signifie pas que nous mettrons en application cet arrêté dès demain", a-t-il ajouté.
Plusieurs projets ont été prêtés à Veolia Transport, dont celui d'une association avec la compagnie ferroviaire italienne Trenitalia pour faire circuler des trains à grande vitesse en France dès 2012. Auparavant, Veolia avait étudié un projet avec Air France, et qui s'articulait autour de trois lignes TGV.
Réaction de SUD-Rail...
Le syndicat de cheminots Sud-Rail a réagi le 15 février dans un communiqué qui dénonce "une destruction du service public ferroviaire" : "Ce nouveau coup en douce du gouvernement servira d'abord à fragiliser le service public de transport ferroviaire de voyageurs", estime SUD-Rail. "Cet arrêté, indique le communiqué du syndicat, est à mettre en parallèle avec le récent rapport de la Cour des comptes qui dénonce les "rigidités" statutaires des personnels de la SNCF".
Pour SUD-Rail, les manœuvres du gouvernement rendent compte d'une volonté de détruire le statut des salariés de la SNCF.
...Et des usagers
De son côté, la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) demande que l'Etat "élabore un cahier des charges" pour les opérateurs concernés par l'ouverture à la concurrence des lignes ferroviaires internationales, notamment en matière de tarifs sociaux. Les voyageurs "réclament de la clarté et de la simplicité" (...)"en matière de validité des tarifs sociaux, de qualité minimale des services et de respect des voyageurs" (respect des horaires, dédommagement en cas de retards importants notamment), estime la Fnaut.
La Fnaut met en garde sur les "risques" d'une ouverture à la concurrence sur le modèle aérien, avec plusieurs opérateurs sur le même itinéraire : "complexité de l'information sur les horaires et les prix", "dispersion des guichets dans les gares", "correspondances" et "difficultés d'échange des billets".
Pour "limiter le risque d'écrémage des relations les plus rentables" par les nouveaux opérateurs, la Fnaut demande que ceux-ci "contribuent au financement des relations d'aménagement du territoire comme le fait la SNCF".