Les bilans 2009 des deux entreprises publiques de transport n'ont pas suivi le même aiguillage. La RATP a de quoi se réjouir avec des bénéfices en hausse de 30%, alors que la SNCF accuse près d'un milliard d'euros de pertes.
Avec ses entreprises de transport public, l’État doit retirer plus de satisfaction à jouer avec les petits autobus qu’avec les petits trains. Les résultats 2009 de la RATP et de la SNCF sont en effet contrastés.
En 2009, les comptes de la SNCF ont déraillé. L'opérateur ferroviaire a annoncé une perte de 980 millions d'euros, alors que le bénéfice était de 575 millions d'euros en 2008 ou de 1,11 milliard d'euros en 2007. La branche fret est pointée du doigt. À elle seule, elle accuse une perte nette de 520 millions d'euros. Sa réforme, dont la pertinence n'est plus à prouver, devrait se solder par des réductions d'effectif et par des modifications d'organisation et d'offre.
De plus, la SNCF a dû composer en 2009 avec une activité TGV en recul. Pour la première fois depuis dix ans, son chiffre d'affaires est en baisse, et la marge opérationnelle chute de 422 millions d'euros. Le TGV joue moins son rôle de locomotive, à cause d'une augmentation des charges (+1,8%) et des péages (+5%), cumulée aux effets négatifs de la crise économique.
L'État doit faire un choix
La SNCF compte sur son actionnaire, l'État, pour prendre ses responsabilités et lui fournir les moyens de répondre à ses attentes. Très clairement, si la SNCF doit gagner en performance, l'État devra accepter l'arrêt nécessaire de près de 20% des activités fret, et la fermeture de nombreuses lignes de voyageurs déficitaires. A contrario, s'il compte sur la SNCF pour promouvoir le fret ferroviaire face à la route et pour jouer un rôle dans l'aménagement du territoire, il devra apporter un soutien financier.
Pour le fret, un plan de soutien de 7 milliards d'euros a été annoncé en septembre 2009. En revanche, pour le transport de voyageurs, l'État a systématiquement mal pris les velléités de fermeture de lignes ou de réduction de service... Sans contrepartie, estime-t-on du côté de la SNCF.
RATP : moins de passagers, plus de revenus
Les résultats de l'autre transporteur public posent certainement moins de soucis à l'État. La RATP annonce des bénéfices en hausse de 29,4% à 182,8 millions d'euros, malgré une légère érosion (-0,8%, pour 3,013 milliards de passagers) de la fréquentation de son réseau francilien. Le chiffre d'affaires est lui aussi en augmentation de 2,7%, à 4,433 milliards. Si les feux financiers sont au vert, la régie ne se voile pas la face. Cette performance a été réalisée grâce à des recettes exceptionnelles de près de 70 millions d'euros, récoltées en raison de la fin d'un contrat de leasing de matériel.
Le résultat corrigé de cet impact est moins flatteur, le bénéfice de 113,8 millions est alors en baisse de 20% par rapport à 2008. Pour expliquer la baisse du nombre de voyageurs (une première depuis 2003), malgré une augmentation de l'offre de 1,6%, Pierre Mongin, président de la RATP pointe très clairement la crise économique. "Le recul est étroitement lié à la situation de l'emploi. Elle a surtout affecté les déplacements domicile-travail sur les lignes de banlieue, tandis qu'on a constaté un tassement de la fréquentation touristique", a-t-il déclaré à l'AFP. La fréquentation des lignes A et B du RER baisse en effet de 4,3%, celui des bus et tramway fléchit de 1% (-3% en banlieue). Seul Paris voit la lumière avec une hausse pour le métro (+0,5%) et les bus intra-muros.