La sénatrice UMP Fabienne Keller propose de créer des "grandes gares" regroupant les trains, les bus, les tramways, les voitures et les vélos. Leur gestion reviendrait à la SNCF dans une direction spécifique. Les futurs transporteurs ferroviaires privés grincent des dents.
À quoi ressembleraient les gares de demain ? Fabienne Keller, sénatrice UMP du Bas-Rhin et ancienne maire de Strasbourg les a imaginées dans son rapport sur les "Grandes gares contemporaines", remis au Premier ministre le 10 mars. Sous l'autorité des régions ou des agglomérations, elles regrouperaient les gares ferroviaires, routières (autobus et autocars), les tramways, métros et des accès aux autres moyens de transport (vélos, voitures).
Elles pourraient prendre la forme d'établissements publics d'aménagement ou de groupements d'intérêt économique ou public dirigés par un "manager de la gare".
Une direction spécifique "gares" à la SNCF
Les bâtiments des gares actuelles resteraient dans le giron de la SNCF, qui séparerait cette activité dans une direction spécifique de celle de transporteur pour se mettre en conformité avec l'ouverture à la concurrence du transport de voyageurs à l'horizon 2010. La SNCF a déjà perdu le monopole du transport ferroviaire, elle n'allait pas non plus perdre ses gares…
Le rapport de Fabienne Keller en main, François Fillon a chargé aussitôt les ministres concernés de veiller à la mise en place "dans les meilleurs délais" d'une "organisation claire et transparente au sein de la SNCF de l'activité gares, séparée de l'activité concurrentielle de transporteur ferroviaire".
Ce scénario n'est pas forcément pour déplaire à la SNCF : il permettrait d'évacuer l'idée d'Hervé Mariton, député UMP de la Drôme, de transférer la gestion des gares à RFF (Réseau Ferré de France), ou de créer un gestionnaire autonome (idée avancée par Hubert Haenel, sénateur UMP du Haut-Rhin et père de la réforme de l'organisation du fret ferroviaire). Avec l'ouverture à la concurrence du transport international de voyageurs en 2010, ce serait donc la SNCF qui aurait la main sur les gares et la distribution des comptoirs aux nouveaux transporteurs ferroviaires privés comme dans les aéroports. Selon nos confrères du journal Les Echos, si Fabienne Keller a bien auditionné des dirigeants de la SNCF, elle n'a en revanche pas consulté de nouveaux entrants…
Quel financement ?
La sénatrice propose entre 925 millions et 1,12 milliard d'euros d'investissements pour la mise à niveau des gares en région d'ici à 2010, et 1 milliard pour l'Ile-de-France, des sommes qui pourraient être intégrées au plan de relance.
Elle suggère aussi un "plan d'urgence" en 2009 de 80 millions d'euros pour la SNCF et 10 millions d'euros pour la RATP afin d'améliorer l'information aux voyageurs.
Pour financer ces investissements, Keller compte sur les collectivités pour la rénovation et le développement des gares, mais aussi sur d'autres financements, notamment par le biais de la Caisse des Dépôts. Pas sur le prix des billets, préconise la sénatrice.